Lorsque j’ai commencé ce livre, je ne connaissais illustrement rien aux différentes théories, idées ou pratiques en termes de psychanalyse. Je ne m’y suis jamais vraiment intéressée à vrai dire. J’ai seulement commencé à appréhender la psychanalyse lorsque j’ai moi-même poussé la porte du cabinet d’un thérapeute, qui me suit depuis 3 ans maintenant. Autant confesser tout de suite que mon savoir dans le domaine est plus que limité.
Inutile donc de préciser que je ne connaissais Lacan que de nom et que je ne savais rien des débats sulfureux qui entourent l’homme, ses théories ou la manière dont il conduisait ses analyses.
Ce livre, c’est l’histoire de Gérard Haddad, de son mal être qui l’habite depuis sa plus tendre enfance, de son parcours professionnel et privé, et, bien entendu, de son analyse avec le docteur Lacan, qui durera 11 ans et à l’issue de laquelle Haddad deviendra lui-même analyste.
Le récit est assez frais, un peu comme une auto-biographie que l’on aurait déguindée (p211).
L’agitation du vieil homme, blanchi sous le harnais de cet étrange métier, me surprenait une fois de plus. Jamais, jusqu’à son dernier jour, sa pratique ne devint routine. Il y était si totalement impliqué, identifié. De tels souvenirs, aujourd’hui encore, soulèvent en moi le pénible sentiment de ma radicale insuffisance.
Lacan, cette fois, m’avait franchement ouvert la porte tout en allumant le feu orange de la prudence. J’en étais plus embarrassé que satisfait. Peut être aussi avais-je le pressentiment que j’allais, partir de ce moment, connaître les plus violentes tempêtes de mon existence, auprès desquelles celles que je venais de traverser n’étaient que simples giboulées. Mon univers mental se trouvera bientôt bouleversé de fond en comble. J’entrai de plain-pied, et sans le savoir, dans ce moment que Lacan a défini comme la passe, goulet qui conduit l’analysant à abandonner sa plainte pour occuper la place d’analyste.
A la fin du livre, je n’en sais pas vraiment plus sur Lacan et sa pratique psychanalytique (ou si peu…), par contre j’en sais un peu plus sur comment Haddad, cet ingénieur agronome a vu sa vie changer en même temps qu’il suivait sa psychanalyse. Comment à 30 ans il a repris des études de médecine et lâché son travail d’ingénieur, comment la psychanalyse lui a permis de trouver sa voie et de devenir psychanalyste.
C’est un récit qui peut nous faire sourire, nous interpeller, mous émouvoir. Un livre assez simple, sans fioritures qui permet de se divertir sans trop nous remuer. Et la principale chose que j’en retiens, c’est qu’à tout instant la vie peut nous montrer qu’il est encore temps de changer, de suivre une autre voie, de prendre des risques.
Je le savais déjà, mais un rappel ne fait pas de mal de temps en temps…