Ce matin là, je me suis levée à 6h00, je me suis préparée tranquillement, et puis j’ai pris les bus qui allaient me rapprocher du Pier 33, là où on prend le bateau pour aller à Alcatraz.
Le bateau partait à 8h45. Vu que ce n’est pas très facile d’aller jusqu’au Pier 33 directement en bus, je m’étais dit que j’allais arriver au Pier 39 et me faire une petite promenade. J’avais prévu suffisamment large pour ne pas avoir à courir.
J’avoue que j’ai un peu traîné au Pier 39 à regarder les lions de mer et à jouer avec les mouettes (en fait je m’amusais à marcher à côté d’une mouette) (on s’amuse comme on peut hein) (mais c’était très rigolo) et que la balade n’était pas aussi courte que je me l’imaginais, mais je suis arrivée à temps pour le bateau, il y avait déjà une foule incroyable qui faisait la queue pour les prochaines navettes, j’étais bien contente d’avoir réservé la première visite de la journée.
Le voyage en bateau n’est pas bien long, peut être un quart d’heure, et c’est vraiment une jolie traversée, surtout de bon matin, avec le soleil qui se reflète doucement sur l’eau, ça scintille, c’est très beau.
Et puis on accoste à Alcatraz, et c’est un peu particulier le sentiment qui m’a assaillie à se moment là, quelque part entre le plaisir d’être là et le recueillement pour ceux qui avaient été incarcérés ici. Ce n’est pas tant que l’île ait l’air si inhospitalière que ça, non, mais je ne sais pas, ça remue quand même.
A l’arrivée il y a quelqu’un qui nous explique comment on doit se comporter (où sont les toilettes, où on a le droit de manger, etc.), et puis il explique aussi où aller chercher les audioguides et à quelle heure sont les navettes pour le retour. J’avoue qu’au bout d’un moment je trouvais qu’il parlait vraiment beaucoup ce monsieur, même s’il était dynamique et drôle, j’avais eu les informations qui m’intéressaient, alors j’ai commencé à marcher sur l’île.
Et ce qui m’a étonnée, alors qu’il y avait des travaux de rénovation en cours, c’est que l’île est un peu laissée « dans son jus », surtout les premiers bâtiments qu’on voit. Le bâtiment principal qu’on visite est propre et en bon état, mais les premiers bâtiments que l’on croise sont plutôt décrépits, ça donne une impression d’île fantôme, et ça renforce l’idée que si les murs pouvaient parler, ceux d’ici ne raconteraient sans doute pas que des choses drôles.
J’ai vu beaucoup de gens aller directement au bâtiment principal, mais j’ai pris le temps d’arpenter tous les chemins (enfin ceux qui n’étaient pas fermés), parce que je crois que cette île-prison ne se limite pas, justement, qu’à ce seul bâtiment principal. La maison-dortoir pour les familles des gardiens, croisée juste avant le pénitencier, est vraiment impressionnante, la qualité de vie avait l’air vraiment réduite. Comment aurais-je vécu cette vie à leur place ?
Et puis quand je suis rentrée dans le bâtiment principal, ce n’était pas vraiment un choc parce que je me doutais bien que ce serait pas très drôle, mais quand même c’est impressionnant. Je n’ai toujours pas trouvé de réponse plausible à la question que je me suis posée en voyant ces escaliers, ces cellules minuscules complètement défraîchies et surtout, surtout, ce réfectoire qui m’a complètement prise à la gorge et fait pleurer comme une madeleine : comment survit-on dans un tel contexte ?
Moralement je veux dire.
Cela ne m’a pas semblé forcément plus terrible que l’idée que je me faisais d’une prison (même si je ne me remets pas de la taille de ces cellules et de leur « agencement ») (comment peut-on dormir là-dedans ?), mais c’est un peu comme si j’avais relégué dans un coin de ma tête des suppositions un peu dérangeantes et que là d’un coup, finalement, elles devenaient réalité. Une réalité somme toute réduite puisque la prison n’est plus en activité, mais quand même bien plus palpable que les idées que je m’en faisais.
Bien sûr que je me suis posée des questions, que j’ai été étonnée, touchée, émue.
Et puis quand je suis sortie sur cette terrasse, que j’ai vu la skyline de San Francisco, j’ai trouvé ça joli, j’ai remis un peu plus calmement dans l’ordre ce que j’avais vu et appris pendant ma visite, j’ai pris le temps d’y réfléchir parce que ça remue quand même et que je ne pouvais pas rentrer comme si de rien était, et puis je suis repartie vers le bateau.
Là il y avait des gens qui débarquaient, bizarrement (parce que je n’ai pas l’impression d’avoir été vite), j’étais la première a reprendre le bateau, et j’ai beaucoup apprécié ce calme et cette solitude pour le voyage retour.
Et justement, au retour d’Alcatraz, ce matin là, le Golden Gate Bridge avait enlevé son manteau de brume (il n’était pas bien loin si vous regardez bien) et s’est laissé photographier, j’étais tellement contente du spectacle que j’en ai pris une dizaine.
Ce matin là, il y avait un grand ciel bleu, un beau soleil qui apportait une chaleur douce et tranquille, j’étais bien dans le bateau à regarder tout ça, à être contente d’être venue, comme si chaque jour me confortait dans ce choix fait sur un un coup de tête de venir à San Francisco.
Franchement, Alcatraz, c’était bien.
La prochaine fois, préparez vos jambes, on va à la Coit Tower, et ça ne va pas être de tout repos !
Bonne journée !
PS : Côté informations pratiques, pour aller à Alcatraz, vous devez passer par Alcatraz cruises. Il est conseillé de s’y prendre à l’avance pour réserver, surtout pour le Night Tour et en période touristique (là par exemple, il n’y a pas de ticket disponible avant mi août pour le Night Tour). De mon côté, je vous conseille franchement d’opter pour la première visite (Early Bird), parce qu’il y aura moins de monde et que ça vous laissera une belle partie de la journée pour visiter les alentours.
Que d’émotions. Je n’imagine même pas mon sentiment de malaise lors d’une telle visite…
Ah oui, émotionnellement c’est quelque chose. D’un côté tu es mal à l’aise de visiter un pénitencier, de l’autre tu découvres plein de choses que tu n’imaginais pas, c’est vraiment étrange.
Pas désagréable, parce que ça fait partie de l’histoire, mais étrange.
Beaucoup de personnes avec qui je visitais on surtout été mal à l’aise là où il y a les cellules, mais pour moi le réfectoire, c’était quelque chose de fort : la salle vide et un peu décrépie, les barreaux avec les passe-plats pour séparer les détenus de la cuisine, le menu affiché… Le tout mis ensemble, ça m’a remuée.
Encore une fois, ce n’est pas une mauvaise visite ou un mauvais souvenir, parce que quand je suis repartie, j’étais convaincue que j’avais fait le bon choix de venir. C’est juste que ça remue un peu 🙂
C’est vrai que ça doit être assez poignant de visiter Alcatraz !
Avec toute l’histoire qu’elle renferme…
Oui, ça fait quelque chose…