Quand on m’a prêté Les dieux voyagent toujours incognito de Laurent Gounelle, je n’étais pas vraiment emballée : non pas que la personne qui me l’a prêté ne me l’avait pas bien « vendu » (au contraire !) mais plutôt que je gardais un sentiment d’attente non comblé de son premier opus, L’homme qui voulait être heureux.
A vrai dire, je ne me rappelle plus grand chose, si ce n’est rien, de cette première rencontre avec les livres de Laurent Gounelle, tout du moins en termes d’histoire. Par contre, je me souviens très bien m’être dit en refermant le livre « et alors, qu’est-ce que j’en fais de ça, qu’est-ce que cela m’apporte ? ».
A cette époque, je cherchais sans doute plus un manuel avec une méthode à appliquer qu’un récit initiatique dans le style de Paulo Coelho, ce qui devait donc expliquer mon manque d’enthousiasme à son sujet. Et puis, quelques temps plus tard, j’ai été confrontée à un peu le même genre de lecture, celle qui fait dire que c’est bien beau tout ça, mais après ? Pourtant, ce livre là (Le bonheur d’être soi de Moussa Nabati), quand je l’ai relu quelques temps plus tard, il m’a beaucoup plus parlé, il a plus résonné en moi, finalement il m’a beaucoup plu. Peut être que c’était le bon moment que je le lise, et qu’avant c’était trop tôt.
C’est peut être un phénomène (?) fréquent pour ce qui est des récits initiatiques ou des livres de développement personnel : pour en retirer les bienfaits, peut être qu’il faut que ce soit le bon moment pour nous, dans notre cheminement personnel et les questionnements qui vont avec.
Tout ça mélangé a fait que juste après avoir lu Jane Eyre, je me suis attelée à lire Les dieux voyagent toujours incognito.
Bon, peut être que la quatrième de couverture a joué aussi. Et le fait que je n’aime pas avoir un livre laissé tout seul dans son coin, sans même lui avoir donné une chance (si toi aussi tu personnifies tes objets, depuis ta voiture jusqu’aux livres et à tes chaussures, tu sais de quoi je parle).
L’histoire c’est celle d’Alan Greenmore. Alan traverse une passe difficile : après une enfance pas franchement marquée par l’amour familial et un entourage aimant, le voilà en France, à Paris dans la spirale du quotidien. Oh jusqu’ici Alan s’en sortait plutôt bien malgré le travail qui prenait une tournure qu’il ne lui plaisait pas vraiment, il était amoureux, il avait des projets. Et puis la rupture, ce sentiment de vide, de n’être aimé par personne, d’être inutile : à quoi bon continuer ? Alan se rappelle avoir lu un article sur le meilleur endroit pour se suicider à Paris : c’est décidé, ce soir, il en finira avec cette existence sans but.
Pourtant au moment fatidique, voilà un inconnu, qui surgit de nulle part et qui tout d’un coup fait voler en éclats la détermination d’Alan à se suicider. Il lui propose même un pacte étrange : l’inconnu lui sauve la vie si Alan lui promet de faire tout ce qui lui demandera. Alan est pris dans ses émotions contradictoires, et pourtant il accepte. Ainsi commencent les rendez-vous avec l’inconnu, Dubreuil, les challenges à relever. Au fur et à mesure des épreuves, sa vie devient plus distrayante, Alan remonte la pente mais…
Qui est vraiment ce Dubreuil ? Lui veut-il vraiment du bien ?
Contre toute attente (enfin, les miennes surtout), j’ai bien aimé ce livre. Déjà parce qu’il y a une vraie trame, une vraie histoire derrière : Alan qui veut en finir ne trouvant plus de sens à sa vie, les missions de Dubreuil, le questionnement pour savoir qui est vraiment le bienfaiteur (en est-il vraiment un ?). L’ensemble de l’histoire se tient, Alan raconte ses expériences, ses ressentis, ses échecs, ses doutes, ses espoirs, ses victoires.
Avec mes dernières lectures, je me rends compte que j’accorde beaucoup d’importance aux ressentis des personnages, à la manière dont ils les formulent, dont ils évoluent. Le personnage d’Alan, timide, réservé mais tellement plein de bonne volonté est touchant, on rit des situations cocasses, on se demande comment on vivrait la mission à sa place, comment on percevrait l’enseignement.
Mais est-ce qu’on le percevrait (p177 )?
Qu’il s’agisse d’un échec, d’une maladie, ou des vicissitudes du quotidien, on n’a pas toujours envie d’accepter le « cadeau », ni le réflexe de le déballer le message caché qu’il contient : nous faut-il apprendre la volonté, le courage ? Ou au contraire le lâcher-prise sur ce qui a peu d’importance ? La vie me demande-t-elle d’écouter un peu plus mes envies et mes aspirations profondes ? de prendre la décision d’exprimer les talents dont elle m’a paré ? De cesser d’accepter ce qui ne correspond pas à mes valeurs ? Qu’ai-je besoin d’apprendre dans cette situation ?
C’est vivant, on a l’impression de le connaître depuis un moment Alan, et on cherche comme lui à percer le mystère : qui est vraiment Dubreuil ? Comment a-t-il pu arriver au bon moment, au bon endroit, et, au final, quand le « jeu », le pacte, prendra-t-il fin ?
Et justement, c’est ce qui tient l’histoire, ce personnage énigmatique de Dubreuil : une fois qu’on l’a rencontré, qu’on a commencé à voir les challenges qu’il propose, on se demande pourquoi il le fait, quel est son but à lui, quel bénéfice il en retire ?
En bref, une bonne lecture divertissante et pleine de bons rappels, vous savez ces choses que l’on sait mais que l’on oublie d’appliquer, ces petits riens qui peuvent améliorer mine de rien une existence et qui passent trop souvent à la trappe.
Pour tout vous dire, j’ai même acheté le dernier Gounelle qui est sorti (Le jour où j’ai appris à vivre) et j’ai très hâte de le commencer. Peut être même que je vais relire L’homme qui voulait être heureux.
C’est dire s’il m’a plu ce roman.
Bonne journée !
J’avais aimé ce livre! Tu me donnes envie de le relire 🙂 Oh dis, tu me diras ce que tu penses de son dernier? Je ne l’ai pas lu, et je n’ai pas lu de critique suffisamment positive pour franchir le pas de l’achat! (J’ai toujours peur avec ce genre de littérature, je ne veux pas que ce soit « donneur de leçons », ni « faussement profond »…Tu sais, le livre qui se veut « aideur de penser bien » mais qui franchement ne vole pas bien haut… Cela dit, je m’étais amusée à lire celui dont tu parles! Alors que, comme toi, le premier m’avait laissée sceptique.) Merci de ce partage et plein de bisous incognito, Mnémo!
Tiens c’est marrant, je ne pensais pas que tu lisais ce genre de livres (ne me demande pas pourquoi, je te vois beaucoup plus littérature classique, avec des jolies tournures, peut être même de la poésie) et je suis contente de voir que si (c’est fou le nombre de points communs qu’on a).
Une fois que j’aurais enfin pris le temps d’écrire les articles sur les autres livres que j’ai lu avant le dernier Gounelle (3 livres, 2 en septembre et un en octobre, puis Le jour où j’ai appris à vivre que j’ai fini cet après midi), oui bien sûr je publierai mon avis !
Je n’aime pas trop non plus le genre de livre trop moralisateur, ou pas assez romancé : j’ai besoin d’un cadre, de quelque chose qui se tient, qui me fait voyager plutôt que culpabiliser (ou me braquer !) toutes les trois lignes.
A suivre donc !
Bisous Cél, à bientôt !
Ah ben, tu vois, finalement, on va réussir à trouver des points communs de lectures. Je suis persuadée qu’il faut vraiment que je me lance dans un Gounelle parce que je sais, je sens que je vais en ressortir changée.
Comme toi, j’accorde beaucoup d’importance aux personnages, c’est pour ça que j’accentue ce trait sur les livres de Thilliez quand il s’agit des personnages récurrents. J’ai besoin qu’ils me paraissent réels, que la continuité de leurs vies, de leurs émotions me paraisse sincère.
On en a déjà trouvé quelques uns des points communs de lecture quand même ! 🙂
Après je ne sais pas si on ressort changée d’une lecture comme ça, mais on en ressort grandie, enfin je ne sais pas comment dire, mais tu es à la fois plus légère et plus concentrée sur ce qui a vraiment de l’importance. Je ne sais pas si c’est bien clair ce que je raconte…
Je suis tout à fait d’accord avec toi, les personnages doivent avoir l’air sincères. Je n’aime pas trop les personnages très caricaturaux, tellement qu’ils en deviennent irréels. J’aime bien pouvoir me les imaginer dans ma tête, au fur et à mesure de ma lecture, je les « vois » là où ils sont, j’imagine leur voix, la manière dont ils sont habillés…
C’est peut être pour cela que je peux être très déçue quand un livre est adapté au cinéma, parfois que j’adhère pas du tout au casting !
En tout cas, si tu veux lire un Gounelle, celui-là est bien (en plus toi qui aime les trucs à suspens, tu ne te sentiras pas trop dépaysée) (même si bon, c’est pas gore du tout, et qu’il n’y a pas de meurtre !).
Bisous copine, je poste ta lettre demain (sauf si je l’oublie…)