La semaine dernière, à la faveur d’un temps pas forcément propice à la promenade, je me suis enfin attelée à réaliser certains albums photos.
Je dispose de photos qui patientent depuis plusieurs années pour certaines dans des répertoires de mon ordinateur, voire des disques externes que j’utilise pour mes sauvegardes, ce qui veut dire qu’elles attendent leur heure depuis plus de 7 ans…
Et si j’aime la facilité du numérique pour certaines choses, ce n’est pas vraiment le cas pour la photographie.
En fait, je ne regarde que très rarement les photos que j’ai sur l’ordinateur, j’ai bien plus tendance à aller chercher les albums photos papier que j’ai pu faire.
Le papier est mon support de prédilection.
Quand je fais un album photo, je vais, bien entendu, en priorité me tourner vers les photos, qui viennent immortaliser un épisode du voyage, une ambiance, une vue, une situation.
Mais je cherche aussi à me rappeler des anecdotes, des sentiments, des discussions. Pour cela, je me replonge dans mes journaux intimes que je remplis, plus ou moins scrupuleusement, depuis des années.
La semaine dernière, j’ai donc réalisé deux albums. L’un sur une croisière en Méditerranée que j’ai fait en 2010 avec une amie et un autre sur les quelques jours que j’avais passé en 2013 à Arcachon et à Bordeaux.
Pour les deux, je voulais mixer à la fois les photos et les textes afin de véritablement à la fois raconter l’histoire du voyage, son déroulé, mais aussi les petites histoires qui les ponctuent et leur confèrent de la singularité, les anecdotes.
Pour chaque album, j’ai commencé par m’occuper des photos : retoucher les couleurs, la luminosité, les classer par date ou site. C’est une manière pour moi de me remettre dans l’ambiance, de rappeler à ma mémoire les petites bribes sensorielles que j’ai emmagasiné.
Et je dois avouer que c’est étonnant de revivre un voyage par les images, au moment où on les sélectionne : parce qu’il y a des choix à faire pour ne garder que le plus significatif, et pourtant parfois ce n’est pas la meilleure photo qui rend compte de l’anecdote ou du sentiment de ce moment-là.
Il y a aussi le fait de se rendre compte du temps qui passe, de notre évolution depuis que le cliché à été pris : quand j’étais partie en croisière avec mon amie, je faisais encore très régulièrement des crises de panique, j’étais assez mal dans ma peau et c’est quelque chose que je vois dans les photos.
Je n’ai pas honte de cela, c’est une part de mon histoire.
Et puis il y a aussi ces sourires, ces regards doux, des clichés avec une drôle d’histoire.
Comme par exemple cette photo que mon amie avait prise de mes jambes et de mes pieds, à Savone, comme une revanche face à mes protestations parce que je n’aime pas être photographiée : ce cliché n’est pas forcément beau, d’ailleurs il n’a aucun intérêt stylistiquement parlant, mais il a une histoire. J’ai choisi de ne pas le mettre dans l’album final, mais je suis contente de l’avoir retrouvé.
Il y a aussi cette photo en noir et blanc (la dernière dans l’article en lien) sur les quais de Bordeaux, près du miroir d’eau, de ce couple de petits jeunes qui s’embrassent fougueusement, blottis l’un contre l’autre pour se protéger du vent frais peut être, mais aussi, enfin j’aime à le croire, de l’extérieur.
Je ne connais pas ces petits jeunes. Mais je trouvais que c’était une jolie image, une jolie représentation de cette pulsion qui nous pousse vers l’autre, à être vulnérable pour se sentir en sécurité ensemble. Celle-là, pourtant il y a du bruit dessus, je l’ai mise dans l’album. En grand. Parce qu’elle m’émeut. Énormément.
Peut être que le choix d’une photo pour un album c’est bien plus subtil qu’on ne le croit.
Après les images, je suis allée chercher les histoires, celles que j’ai écrites. Que ce soit un film vu après la dernière photo du jour, une difficulté retranscrite avec la main qui tremblotte encore un peu ou quelques mots d’une discussion.
Je vais d’abord chercher dans mes carnets, et puis, si j’y pense, sur le blog pour les voyages récents. Là je n’y ai pas pensé, alors j’ai juste regardé les carnets.
J’ai trouvé quelques petites choses, pas beaucoup. Pour ces deux voyages je n’avais pas encore pris l’habitude d’écrire ce que je ressentais, ce que j’expérimentais. Ce n’est pas grave.
Poser ses souvenirs c’est aussi accepter leur imperfection.
D’ailleurs, bien plus que les histoires que j’ai trouvées dans les carnets, ce sont les quelques pages parcourues de-ci, de-là, juste pour le plaisir de relire quelques sentiments de ces périodes-là, qui m’ont marquée. J’ai pris conscience de certaines choses que je ne voulais pas voir, je me suis souvenue d’épisodes que je croyais oubliés et qui pourtant ont résonné au creux de moi comme au premier jour.
On m’a plusieurs fois demandé pourquoi je « m’embêtais » à faire des albums photos, à écrire dans un journal, et si je les regardais / relisais.
Et à la lumière de ces quelques jours à travailler sur ces deux albums, sans que cela ne m’ennuie d’aucune façon (j’ai beaucoup souri et ri pendant que je les confectionnais), je peux dire que c’est juste pour me souvenir.
Me souvenir du bon, du mauvais, de l’évolution, de qui je suis, de ce que j’ai expérimenté, de ce que j’ai appris.
Me souvenir de ces instants fugaces quand on les vit et qui pourtant s’impriment quelque part, en nous, pas que sur du papier.
Les petits riens forgent de riches existences… Et de merveilleux souvenirs.
Bonne journée !
PS : En photo, quelques albums déjà réalisés (les deux que j’ai faits devraient arriver cette semaine) et une petite partie de ma collection de carnets personnels, supports aux souvenirs…