Je ne suis pas restée très longtemps à Arcachon, quelques jours. Oh j’aurais pu rester plus longtemps si je l’avais voulu, mais en fait c’était très étudié cette affaire. Je suis restée suffisamment longtemps pour amorcer mes vacances (en même temps, qui ne se sentirait pas en vacances là bas ?) et pas trop longtemps pour ne pas être écœurée par les autres visiteurs hors-saison (et j’en ai rencontré de très désagréables) ou pour me lasser des conversations sans fin avec des petits vieux et petites vieilles toujours très contents de papoter un peu avec la jeunesse (j’ai encore et toujours la cote avec les anciens, j’adore, ils sont super intéressants et touchants ces petits vieux inconnus).
Alors voilà, c’est toujours la même rengaine : profiter. Profiter d’avoir le bassin à côté pour aller se balader tranquille à la fraîche, regarder les pêcheurs et celui qui joue inlassablement avec son cerf-volant. Mais comme Arcachon ce n’est pas que la plage, il faut aussi savoir « se perdre » dans les rues pour voir ce qu’il y a plus loin (enfin bon, si vous arrivez à vous perdre à Arcachon, c’est que votre sens de l’orientation est vraiment mauvais vu la superficie de la ville).
D’abord faire un petit tour du côté de la place du marché qui bouillonne de bon matin, s’arrêter à un café, en terrasse, pour boire un thé et pouvoir regarder à loisir ce petit moment de vie. S’y mêler à son tour, écouter l’accent des gens du coin, et puis décider d’aller faire un tour en ville et trouver sur son chemin un singulier moyen de transport, le prendre en photo parce que ça nous fait penser à quelqu’un, et rigoler comme une pintade pendant 10 minutes (oui, je rigole toute seule et pendant longtemps, mais il paraît que c’est pas mal parce que j’ai un rire communicatif) (et effectivement, toutes les personnes que j’ai croisé à ce moment là me souriaient).
Après, aller faire un tour au parc Mauresque, parce que les parcs c’est comme les bains, le chocolat et se poser face à la mer, c’est la vie. Les parcs sont à peu près au même niveau que la mer ou l’océan pour moi en termes de ressourcement, je pourrais passer des heures dans de tels endroits, sans me lasser même si j’y venais tous les jours (pour ceux qui ne le sauraient pas, quand j’habitais à Montréal, j’avais le pass annuel illimité pour le Jardin Botanique, et je crois qu’il n’y a pas une seule semaine où je n’y serais pas allée, pendant quelques temps j’y allais tous les jours, j’adorais la sérénité de ce lieu).
En tout cas le parc Mauresque est très très chouette, il est très bien entretenu, il y a des points d’eau, des jolies sculptures, de superbes massifs de fleurs, un petit kiosque tout choupi et une vue sur le bassin absolument terrible (et puis l’ascenseur pour y monter est très rigolo, le couloir tout coloré j’aime beaucoup, même si certains avaient l’air de le trouver glauque).
Une fois qu’on est au parc Mauresque on n’est pas très loin de la ville d’hiver, alors ce serait dommage de ne pas y aller en se laissant porter par son instinct, juste pour marcher un peu au soleil et regarder les superbes maisons du coin, en se demandant quelle direction prendre à chaque intersection. Bien entendu je me suis retrouvée à passer plusieurs fois dans la même rue, mais avec un point de vue différent, ce qui me laissait entrevoir des maisons que je n’avais pas vu lors de mon précédent passage.
C’est en me laissant guider par mes pieds que je suis arrivée au belvédère, l’endroit où on peut avoir la meilleure vue du bassin.
Bon alors, comment dire ? Je veux bien partir en vacances seule, manger seule au resto, me flinguer les pieds à marcher 8h par jour (ça c’était Londres), sortir de ma zone de confort pour voir jusqu’où je peux raisonnablement aller et progresser, OK.
Enfin le belvédère, il fait 25m de haut. C’est une espèce de petite tour métallique avec des marches en colimaçon. Ce jour là, il y avait beaucoup de vent. Et quand il y a du vent, le belvédère, il tangue, tu vois. Et, de surcroît, je suis plus ou moins claustrophobe et j’ai le vertige. Et quand je dis que j’ai le vertige, je faisais des malaises en EPS, parce qu’on faisait de l’escalade et qu’à peine montée la première fois, je me suis évanouie tellement j’avais peur (et après, j’ai systématiquement fait un malaise, ma prof d’EPS était un peu têtue, elle voulait absolument que je monte, je crois qu’au lycée, après au moins 4 ans de pratique donc, j’arrivais à peine à faire la piste la plus facile, et encore que s’il y avait un prof à côté de moi, tout ça pour ça) (BREF).
Mais quitte à être là, je me suis dit que j’étais seule, personne n’était là pour se moquer de moi, que j’allais voir quand même, ce serait trop bête, et blablabla. J’ai pris une grande inspiration, je suis montée comme une dératée les yeux fermés, bien entendu j’ai raté une marche (ou je me suis emmêlé les pieds ?) et je me suis lamentablement vautrée (les yeux fermés, l’agitation, tout ça), et puis le belvédère il tanguait, moi j’avais toujours les yeux fermés parce que j’avais peur, alors je me suis assise sur une marche, ça tanguait mais au moins j’étais assise, alors j’ai ouvert l’œil gauche parce que c’est celui avec lequel je vois le moins bien, sauf que comme j’avais mes lunettes en fait ma stratégie n’a pas marché, j’étais haut mais pas trop je crois, alors j’ai ouvert l’œil droit aussi.
Je suis restée assise un moment le temps de regarder devant moi le panorama et de reprendre mon souffle, j’ai pas eu le courage de monter tout en haut (et puis j’avais faim quand même avec toutes ces émotions), j’ai oublié de prendre une photo, je suis redescendue comme une tortue avec des jambes en coton, j’ai pris la première route qui me semblait aller vers la plage, et puis je suis tombée sur ce chat sur un mur, j’ai pensé à feu mon chat d’amour, je l’ai pris en photo et je suis repartie. N’empêche, je crois que si on n’a pas le vertige, tout en haut du belvédère ça doit être super chouette comme point de vue.
Avec toutes ces histoires je n’avais pas perdu mon idée de me faire un repas dans un des restos qui bordent le bassin. Bon alors soyons honnêtes, il faut du budget si on veut se faire (comme moi) la totale. Personnellement, je suis allée au Nioulargue Café, j’ai pris le menu complet (entrée-plat-dessert) (sur la photo, c’est l’entrée, tartare de saumon et dorade, le pesto était à tomber par terre), j’en ai eu pour 29€, et si mes souvenirs sont bons, il n’y a pas un seul resto sur la promenade qui ait un menu complet à moins de 25€.
J’ai choisi ce resto là, parce que je voulais être devant le bassin (réussi) et peinarde (raté, je me suis retrouvée avec un couple de touristes qui n’ont rien trouvé de mieux que de se mettre à la table juste à côté de moi alors qu’il y avait plein d’autres places aussi bien sur la terrasse, et qui, en plus, ont eu le culot de commenter mon repas et de faire des réflexions désobligeantes à mon égard) (la bêtise humaine me laissera toujours pantoise). Enfin, comme la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe, j’ai fait abstraction de ces sombres idiots, et j’ai savouré mon repas (2h et des brouettes, je crois que c’est mon record).
Et puis le vent est devenu plus froid, il s’est mis à faire gris, moi je voulais faire le tour de l’île aux oiseaux mais bon il faisait quand même froid, la dame qui s’occupe des places m’a dit que ce serait vraiment dommage de le faire parce que je n’en profiterais pas et de revenir un autre jour (comme quoi il y avait encore de l’honnêteté, de la politesse et de la bienséance), alors je suis encore allée me promener, j’ai retrouvé le monsieur avec son cerf-volant sur la plage, mais je suis rentrée à l’appartement boire un thé et me boulifier sur le canapé pour me réchauffer un peu.
Une heure plus tard, le soleil était revenu, décidément c’était juste pour que je n’aille pas à l’île aux oiseaux, mais il faisait encore un peu frais donc finalement je crois que c’était une bonne idée de ne pas y aller, ça me donne un bon prétexte pour y retourner (faut-il des prétextes pour revenir là ?). Qu’à cela ne tienne, j’avais décidé que j’allais manger une glace à Arcachon, alors je suis allée en chercher un sorbet (framboise-litchi) que j’ai dégusté en marchant sur la promenade de la plage et face aux bateaux du port.
La boucle était bouclée, j’étais revenue sur un des lieux de vacances de quand j’étais une enfant et j’y avais fait mes activités favorites. Bientôt, il faudrait préparer ses valises et prendre le train pour revenir au lieu des racines, ce lieu qui me prend les tripes pour me dire « take it easy, you’re at home » parce que je suis vraiment à la maison, ce lieu où je voudrais vivre mais où je ne peux pas (pour l’instant), ce lieu qui est à la fois si proche et beaucoup trop loin. En attendant, histoire de faire durer le face à face avec le bassin un peu, j’ai regardé le soleil se coucher, et je suis rentrée à l’appartement faire ce que j’avais à y faire.
Demain serait un autre jour, mais sans aucun doute au moins aussi bien qu’aujourd’hui.
Bonne journée !