Voilà un petit moment qu’on n’avait pas vu un texte pour un jeu d’écriture ici ! Je m’y remets doucement (tellement doucement d’ailleurs que je suis en retard…) avec ce texte pour participer au jeu n°10 du blog à 1000 mains. La photo est de Sacrip’Anne.
Cette photo, c’est moi… Il y a quelques années.
A cette époque, c’était le renouveau : nouvel emploi, nouvel appartement, nouveau régime, nouveau chéri, nouvelle voiture, nouveaux meubles, nouveau cadre de vie. Tout était neuf dans ma vie, je me croyais infaillible, je croyais au nouveau départ, je croyais à la lumière au bout du tunnel, à l’accalmie après la tempête.
Tiens cette robe, c’était celle que je portais pour notre première Saint Valentin. Je me trouvais belle, j’étais amoureuse, j’avais plein d’idées et autant de projets, un rien m’émerveillait. Tout me semblait simple et à ma portée.
Depuis, les années ont passé, des meubles ont pris place dans mon appartement, le chéri est parti et les mauvaises habitudes alimentaires sont revenues. L’émerveillement du tout neuf a laissé place à une routine ronronnante et un brin teintée de solitude déprimante, les souvenirs et épreuves douloureuses se sont accumulés comme autant de bibelots ramasse-poussière dans une vitrine.
Oui c’est cela, je suis devenue une vitrine.
Une vitrine qui a l’air en bon état mais qui souffre d’un bazar intérieur impressionnant. Il faudrait pousser les parois, prendre quelque chose de plus grand, avec plein de rangements pour trier tout cela, faire des choix, mais c’est si difficile de faire des choix, de sortir d’une zone de confort, quand bien même elle nous détruit à petit feu.
Voilà des mois que je veux changer d’air, retrouver de l’espace serein. Je n’y arrive pas, mes tentatives sont des ratés qui me ramènent à l’échec cuisant de ma vie. Voilà des années que je regarde cette photo, nostalgique, puis, invariablement, cette robe, triste.
Aujourd’hui, c’est pareil. J’ai regardé la photo, puis la robe et je me suis mise à pleurer. Et je ne sais pas vraiment ce qui m’a pris, mais j’ai attrapé de rouleau de sacs poubelle et je les ai remplis. Un, puis deux, puis trois, puis… J’ai arrêté de compter. De toute façon, ça fait belle lurette que je ne rentre plus dans cette robe, que ce bougeoir m’exaspère à prendre la poussière, que je ne sais pas pourquoi je garde autant de brochures publicitaires. Je ne veux plus souffrir au quotidien en espérant que le passé redevienne mon présent. Avant, c’était avant.
Je n’ai pas encore fini mon tri. J’ai rangé la photo, je n’ai plus envie de pleurer : les souvenirs sont là où ils doivent être, dans ma tête et l’album photo. Finalement, cette fille avec cette jolie robe, c’est encore un peu moi, au fond, non ?
Maintenant, il y a un peu plus de place pour demain, mais surtout réinventer aujourd’hui, en se promettant de ne plus se laisser piéger et enfermer par le passé… Jusqu’à la prochaine fois ?